mardi 3 février 2009

Mauvaises nouvelles des étoiles



   J'ai reçu ce télégramme. Je savais pas que ça se faisait encore. Le message était clairement codé parce que j'y comprenais rien. Je me suis dis que c'était forcément une erreur sur la personne puisque j'ai jamais reçu de télégramme et que j'y comprenais rien. Je suis passé à autre chose.
   Je suis retourné dans la cuisine. Mes toasts ont brûlés. Je suis allé à la salle de bain, l'eau y a débordé. On sonne à la porte. On cogne à la porte. On insiste sur la sonnette. On frappe plus fort. J'y vais, j'y vais.
   C'est le voisin d'en bas. Son plafond coule. Je lui répond que c'est la peinture qui ne doit pas être sèche. Je répond encore que mes toasts brûlent et ferme ensuite la porte.
   Je reviens à la salle de bain et m'enfonce dans l'eau. Ma carcasse fatiguée est allégée, ça soulage malgré le froid de l'eau qui mord ma peau. J'essaie de m'allumer un cigare mais, peine perdue, ils sont détrempés. Alors j'arrête de fumer, ça ne sert plus à rien. J'aurais aussi voulu le journal mais il est resté sur la table du salon ou le comptoir de la cuisine. Alors j'arrête de lire.
   Quand je me réveille, c'est parce que l'eau m'est entrée par les narines. C'est brutal et désagréable, je ne suis plus aussi confortable dans cette flottaison. Quand je me lève c'est avec lourdeur, c'est à cause des vêtements mouillés cette fois. Comparaison pour comparaison, c'est plus difficile que lorsque j'ai fait pareil de mon lit ce midi.
   Nu, je me coiffe négligemment devant le miroir. J'ai la chair de poule et il n'y a que sous ma barbe de trois nuits que je me sent au chaud. Je baisse les yeux sur mon Mickey. Lui aussi a froid, pauvre de lui. Qu'à cela ne tienne, t'inquiète petite, j'irai te réchauffer au bar, plus tard. Oui, je te le prouverai tout à l'heure.
   Pour le moment, c'est l'heure du cocktail mortail. Contre la vie, c'est mon seul antidote, ma bombe à neutron. Rhum-expresso, suivit de Ricard-vodka, ether et popers. Sans détour ni escale, ligne droite vers la finale. Moi pas rire, je m'enfile le coma éthylique de plein gré, plein fouet.
   Ça cogne à la porte. C'est le plombier. Je lui donne le télégramme en lui disant que c'est pas pour moi puisque j'ai arrêté de lire. Ça va de soit, me dit-il en se penchant sur le papier.


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