samedi 21 février 2009

mardi 17 février 2009

Nightclubing


   Le gros Popol vient de rentrer. Ça faisait trois semaines qu'on l'avait pas vu, depuis la dernière fois qui s'est fait barrer à vie de la place. Le boss est clément, il sait que Popol est un bon payeur.
   Je le regarde jusqu'à ce qui soit rendu au bar, dans ma tête ça va au ralentie. Les mouvements de sa graisse font des vagues dans son t-shirt, c'est reposant pour l'oeil. Je regarde ailleurs quand  y'assoit son gros cul sur le tabouret. On vois juste quatre pattes qui lui ressort de là. C'est ben bizarre, j'aime pas trop voir ça.
   Le pusher s'acharne après la machine à toutous depuis une bonne demi-heure. Dommage que ça tilte pas quand y fesse dessus, ça nous donnerais un break. J'irais ben lui dire d'arrêter un peu, de se calmer, mais je comprend rien quand y parle pis je me rappelle plus son nom. Au fond, c'est mieux qui perde son temps sur les toutous pis pas sur les machines à sous. Y devient mauvais dans ce temps-là, violent pis possessif sur les machines. Les toutous, tout le monde s'en sacre, fait que c'est mieux de même.
   Je me commande deux autres bucks. De la bière pas possible, de la vraie pisse. Mais de la pisse qui soûle quand même. Je me demande si ma propre pisse en ferait pas autant, vu le train où je les enligne tout le temps un après l'autre. J'arrête d'y penser, c'est pas des bonnes idées.
   Dire que ça a déjà été une une place à mode, icitte. Un nightclub, avec une file pis toute la gang de morpions qui viennent avec. Je me tenais pas icitte dans ce temps là, non. J'étais à deux coins de rue, dans un vrai trou qui est rendu un dépanneur. Icitte c'était trop propre, trop habillé. J'ai jamais voulu rien savoir de ces niaiseries-là. Quand mon autre bar de marde a fermé, fallait ben que je me trouve une autre place. Le boss avait déjà commencé à ouvrir de jour parce que son nightclub pognait moins. J'ai essayé, rien que pour voir.
   Au début c'était encore respectable. Les filles étaient cute pis le monde était jeune. Ça me coûtait de rentrer à chaque fois que je passait la porte le midi. Ça se revirrait quand je rentrais, là a me regarder, à me scruter comme si j'étais une espèce d'homme pas possible. J'aimais pas ça, mais j'avais pas le choix, c'était le seul bar dans le boute. En fait, j'ai jamais été voir ben ben plus loin, vu que le bar est à deux portes de la mienne. Ça m'adonnait, mettons.
   Tranquillement, les autres crottés ont commencés à rentrer. Les anciens perdus de l'autre taverne se sont mirés icitte pis sont devenus des habitués comme moi. Bozo, Marcotte, Tapette, Claude, Popol, Jean-Marde pis son frère sont rentrés dans le portrait de famille. C'est le même maudit portrait qu'avant, avec les mêmes maudites faces lettes, sauf que c'est le décors en arrière qui à changé. Au goût du jour. J'ai commencé à me sentir mieux, à mieux respirer. Ça devenait plus chez nous.
   Ça pas prit de temps que la place est devenue lette comme nous autres, la bière rendue pas buvable pis on demandait pas mieux. Les jeunes, eux autres, se sont poussés. C'est ben la première fois que les rats rembarquent quand le bateau coule.
   Fait que les temps changent, mais pas moi. Ça fait vingt cinq ans que je suis vieux, le même vieux pareil. Je demande pas rien que m'assir à ma table tout les jours et qu'on me sacre patience. Même si je parle à personne, je sais au moins qu'on me comprend. Je suis pas tu seul, y'en a d'autres.
   À deux heures et demi dans l'après-midi, je sacre mon camp faire ma sieste. Ça fait quand ben rien que depuis à matin que chu là, j'ai finis mon journal depuis un boute. Je reviens tantôt, vers cinq heures, voir si Pauline vient faire son tour. Je l'amène à ma table, j'y dis des mots doux, ça la fait rire.

lundi 16 février 2009

Péremption



J'aimerais avoir une date d'expiration, comme ça je saurais à quoi m'en tenir.



FRÈSH



dimanche 15 février 2009

mardi 3 février 2009

Socrate rencontre Tommy Lee Jones


Socrate :
Je suis content que tu sois passé... Pas eu trop de misère à trouver la place?
Tommy Lee Jones : C'est pas si pire, mais j'avoue que c'est pas évident la première fois! Je connais pas trop le quartier... Ça été un peu dur pour me stationner, par exemple: Je me suis fait piqué ma place deux fois!
Socrate : Ah! ça je comprend! La première année, quand j'ai emménagé ici, ça été rough. J'avais pas de vignette fait que j'ai pogné pas mal de tickets...
Tommy Lee Jones : C'est moins le fun, ça.
Socrate : Je sais. Mais maintenant, plus de problème, j'ai mon propre stationnement privé, souterrain en plus!
Tommy Lee Jones : Wow! Ça c'est cool! Plus besoin de te casser la tête pour déneiger! Crime, je suis jaloux!
Socrate : C'est un peu cher, mais ça vaut la peine quand tu peux te le permettre.
Tommy Lee Jones : De toute manière, ce que tu sauve en contraventions, tu le mets dans le stationnement, alors c'est mieux.
Socrate : T'as probablement raison.
(silence)
Socrate : Veux-tu quelque chose à boire?
Tommy Lee Jones : Ok, qu'est-ce que t'as?
Socrate : De la bière.
Tommy Lee Jones : Il est dix heure et dix...
Socrate : Voui.
Tommy Lee Jones : Je vais te prendre un verre d'eau.
Socrate : J'en ai pas.
Tommy Lee Jones : Voyons, tout le monde à de l'eau!
Socrate : Oui, mais ça fait cheap de juste te donner de l'eau. Tu comprends, c'est gratuit, donc ça veut dire que je suis pas capable de te payer de quoi de convenable.
Tommy Lee Jones : Ben non, inquiète-toi pas, je te jugerai pas de même.
Socrate : Non, ça pourra pas se faire...
(silence)
Tommy Lee Jones : Naya.
Socrate : Quoi?
Tommy Lee Jones : L'eau en bouteille, Naya.
Socrate : Heille décroche un moment donné! Reviens-en de ton verre d'eau!
Tommy Lee Jones : Je veux pas d'alcool, il est trop tôt!
Socrate : Ok mais ce que j'ai avec le moins d'alcool, c'est de la bière. point.
Tommy Lee Jones : Mais ce que je te dis c'est que si tu tiens absolument à me payer quelque chose à boire, commande-moi de l'eau du dépanneur. Je sais pas moi, commande la plus chère, si tu veux, pis donne un généreux pourboire au livreur!
Socrate : Je crois pas à ça, l'eau en bouteille.
Tommy Lee Jones : Hein? De quoi tu parles?
Socrate : C'est très simple: Pourquoi payer pour de l'eau quand on peut en avoir gratuitement du robinet? Parce qu'elle est en bouteille? C'est ridicule.
Tommy Lee Jones : C'est exactement ce que je te dis depuis tantôt!
Socrate : Ce que je dis, moi, c'est que ce serait  écoeurant si l'alcool coulait des robinets! t'imagine, ce serait débile! En attendant, elle vient en bouteille et c'est ça qui fait du sens.
Tommy Lee Jones : J'abandonne.
Socrate : Lâcheur.
Tommy Lee Jones : Va chier.
Socrate : Non. Maintenant, j'apprécierais que tu parte de chez nous.
Tommy Lee Jones : Ok, bye.
Socrate : Salut.

Mauvaises nouvelles des étoiles



   J'ai reçu ce télégramme. Je savais pas que ça se faisait encore. Le message était clairement codé parce que j'y comprenais rien. Je me suis dis que c'était forcément une erreur sur la personne puisque j'ai jamais reçu de télégramme et que j'y comprenais rien. Je suis passé à autre chose.
   Je suis retourné dans la cuisine. Mes toasts ont brûlés. Je suis allé à la salle de bain, l'eau y a débordé. On sonne à la porte. On cogne à la porte. On insiste sur la sonnette. On frappe plus fort. J'y vais, j'y vais.
   C'est le voisin d'en bas. Son plafond coule. Je lui répond que c'est la peinture qui ne doit pas être sèche. Je répond encore que mes toasts brûlent et ferme ensuite la porte.
   Je reviens à la salle de bain et m'enfonce dans l'eau. Ma carcasse fatiguée est allégée, ça soulage malgré le froid de l'eau qui mord ma peau. J'essaie de m'allumer un cigare mais, peine perdue, ils sont détrempés. Alors j'arrête de fumer, ça ne sert plus à rien. J'aurais aussi voulu le journal mais il est resté sur la table du salon ou le comptoir de la cuisine. Alors j'arrête de lire.
   Quand je me réveille, c'est parce que l'eau m'est entrée par les narines. C'est brutal et désagréable, je ne suis plus aussi confortable dans cette flottaison. Quand je me lève c'est avec lourdeur, c'est à cause des vêtements mouillés cette fois. Comparaison pour comparaison, c'est plus difficile que lorsque j'ai fait pareil de mon lit ce midi.
   Nu, je me coiffe négligemment devant le miroir. J'ai la chair de poule et il n'y a que sous ma barbe de trois nuits que je me sent au chaud. Je baisse les yeux sur mon Mickey. Lui aussi a froid, pauvre de lui. Qu'à cela ne tienne, t'inquiète petite, j'irai te réchauffer au bar, plus tard. Oui, je te le prouverai tout à l'heure.
   Pour le moment, c'est l'heure du cocktail mortail. Contre la vie, c'est mon seul antidote, ma bombe à neutron. Rhum-expresso, suivit de Ricard-vodka, ether et popers. Sans détour ni escale, ligne droite vers la finale. Moi pas rire, je m'enfile le coma éthylique de plein gré, plein fouet.
   Ça cogne à la porte. C'est le plombier. Je lui donne le télégramme en lui disant que c'est pas pour moi puisque j'ai arrêté de lire. Ça va de soit, me dit-il en se penchant sur le papier.